Traduction d'un extrait du programme : Bien que vous ayez bénéficié de cette balade autour des icebergs au Cap York hier, nous prévoyons d'atteindre Upernavik dans les temps aujourd'hui, parce que le vent et les conditions météorologiques sur la Baie de Melville ont été assez calmes pour nous permettre une bonne vitesse de croisière... Upernavik a une population d'environ 1 500 personnes dont la plupart vivent de la chasse et de la pêche. L'eau douce provient d'un petit lac et est principalement stockée dans des citernes dans les maisons, approvisionnées une à deux fois par semaine par un camion contre des pièces sonnantes et trébuchantes [some good money]. Mais vous pouvez également aller aux petites "waterhouses" en ville pour y prendre votre eau gratuitement. N'entrez pas en "contact étroit" avec les sacs jaunes ! Il n'y a pas de système d'évacuation dans cette ville, de sorte que les sacs ont un contenu très spécial ... Upernavik est située sur une île. Lors d'une promenade dans cette petite ville vous pouvez visiter l'église, qui a été construite par l'architecte Boysen - Møller, qui a aussi conçu les églises de Qeqertarsuaq et Uummannaq. Au bout de la rue vous trouverez le plus septentrional musée en plein air du monde qui a été fondé dans les années cinquante. Juste au-dessus du musée il ya le vieux cimetière d'Upernavik, où vous trouverez la tombe de Navarana, l'épouse de l'explorateur polaire danois Peter Freuchen. Au-delà de cette tombe, vous pouvez trouver le nouveau cimetière avec des fleurs très colorées (de plastique ! ) Et de là-haut, vous aurez une bonne vue sur la ville et la mer.
19 août
à 8 h 17 devant Upernavik : j'allais donner les
coordonnées de position... 77° 24’... Non,
ce n'est sûrement pas ça. Pendant plusieurs jours,
les écrans donnant les informations
météo et autres coordonnées vont
rester muets... neuvage du navire. Le temps est maussade ce matin :
plafond bas, bruine... Mais bon, je ne me plains pas car
jusqu'à présent nous avons
été très gâtés
par la météo.
Vers 9 h 20, je suis à terre : vu depuis le port, le Fram fait tout petit par rapport à un iceberg pourtant éloigné de plusieurs centaines de mètres. Comme dans beaucoup d'endroits où nous nous sommes arrêtés, la frange littorale relativement plane est très étroite et les rues grimpent tout de suite sur le flanc des collines. Ce n'est qu'après être revenu de mon voyage en me documentant pour mon carnet de voyage, que je me suis rendu compte que le sommet arasé (déblai - remblai) de la colline au-dessus du village tient lieu en fait de piste de l'aéroport. Elle m'a en fait bien paru bizarre cette colline mais n'y voyant pas de bâtiments, je n'avais pas deviné qu'il s'agissait de l'aéroport.
Donc, nous montons par les rues sous la très
légère bruine. C'est dimanche et l'Office se
termine à l'église qui ressemble beaucoup
à celles que j'ai déjà
visitées et je ne m'y attarde pas. En continuant de cheminer
sur la rue, nous arrivons au cimetière qui m'impressionne
beaucoup : la brume, les tombes constituées souvent de
pierres maçonnées "grossièrement", parfois de béton
coulé dans un coffrage, parfois peintes en blanc mais
toujours couvertes pratiquement intégralement de fleurs en
plastique multicolores et avec bien sûr une grande croix
blanche du côté orienté vers la mer.
Apparemment, le haut du cimetière vient de faire l'objet de
travaux de terrassement en creusant dans la colline. En dessous du
cimetière, un iglou de tourbe est construit face
à la mer près du rivage. On peut le visiter ainsi
que tout à côté l'ancienne demeure du
"gouverneur", surmontée d'un petit
clocher, où se tenaient les conseils. On y trouve notamment
dans la salle du conseil, le fauteuil du gouverneur dont le dossier est
sculpté « Upernavik
Syssel » avec un ours couronné (syssel =
gouverneur... un mot que j'ai appris au Spitzberg) et les portraits des
rois et reines, gouverneurs et membres du conseil. Juste à
côté également, il y a le
musée qui abrite 2 umiaks, des kayaks, traîneaux,
armes et outils, des peaux.
Je retourne vers le port où il n'y a pas beaucoup d'activité en ce dimanche. Alors que je longe la rive pour me rendre sur une pointe en face du quai pour avoir un autre point de vue sur le Fram et l'iceberg [relativement] voisin, un groupe de randonneurs kayakistes (des kayaks de mer "modernes" comme on en trouve en France) passent devant le Fram et un immense iceberg au loin qui, recevant les rayons du soleil par une de ces sources de lumière percée dans le plafond nuageux et que j'apprécie tant sous les hautes latitudes, tranche très nettement avec son environnement plombé. Vu de ce côté, l'iceberg voisin du Fram est tout à fait différent avec notamment une aiguille très fine qui nous était cachée lorsque nous étions sur le quai. Le temps est toujours aussi maussade même s'il ne bruine plus.
Afin de pouvoir faire un tour vers l'iceberg en retournant à
bord, Bernard et moi attendons la dernière navette avec
Janus et Andrew du staff. Nous embarquons donc sur le polar cirkel boat
(avec l'autorisation de l'officier de quart bien sûr) peu
avant 13 h 30 pour aller photographier l'iceberg et le Fram... Vu de
plus près, l'iceberg est vraiment impressionnant... Dommage
que le ciel soit si uniformément gris.
Vers 15 h, le Fram quitte Upernavik alors que le plafond bas commence à se déchirer. La navigation de l'après-midi n'est ponctuée par aucun événement notable.
A 20 h 15 alors que nous allions nous mettre à table pour le
dîner, un message annonce que le Fram croise la route d'une
vingtaine de petites baleines, en fait des globicéphales
noirs (ou dauphins pilotes) mesurant de 5 à 6 m pour les
adultes mâles pour un poids de 2,8 à 3,5 tonnes.
Bien sûr, tout le monde déserte le restaurant
alors que le navire stoppe ses machines. Pendant 20 minutes, les
globicéphales restent à quelques dizaines de
mètres du navire, parfois très proches l'un de
l'autre, jusqu'à se toucher fréquemment. Il y a
des adultes, des jeunes beaucoup plus petits (leur peau gris clair
indique qu'ils ont moins d'un an). Leur nage aux lentes ondulations
permet de les photographier très facilement et leur souffle
est également facilement repérable. Si nous les
observons, ils nous rendent la politesse et j'ai l'occasion de
photographier 3 séances de "spy hopping" quand les
globicéphales restent à la verticale, la
tête hors de l'eau afin de regarder l'environnement au-dessus
de la surface. Lors de ce "spy hopping", on distingue très
nettement leur melon (front bombé intervenant dans
l’écholocation). Les dernières de mes
photos sont prises pratiquement à contre-jour du soleil
relativement bas : les nageoires dorsales des globicéphales
fendant la mer d’or avec un iceberg à l'horizon.
Bon... à table...